Les fossiles de Langoiran
__________Moins riche que les faluns de Gaas ou de Mériadeck, le Calcaire à Astéries d'Entre-Deux-Mers n'en présente pas moins localement des gisements très intéressants pour la connaissance de l'Oligocène Aquitain. Ses fossiles y sont connus depuis longtemps, souvent révélés à la faveur de l'exploitation de la pierre de taille.
Mais ce mode de découverte contient ses propres limites: la provenance précise des pièces de collection au sein de la formation a souvent été "oubliée" par les carriers ou naturalistes amateurs. Ce problème, qui n'est pas typique du Stampien d'Entre-Deux-Mers, conduit à reprendre les descriptions d'une façon plus systématique.
C'est à ce titre qu'un affleurement aussi bien développé que celui de la Côte de la Ruasse présente un intérêt tout particulier. Il permet en outre un bon calage avec les autres affleurements locaux, plus partiels, et autorise de ce fait de tenter des synthèses stratigraphiques.
Les fossiles d'intérêt stratigraphique ou paléoécologique, outre ceux du microplancton désormais bien connus, se rattachent pour l'essentiel aux mammifères
siréniens, aux échinodermes, aux crustacés, aux mollusques gastéropodes et lamellibranches, aux bryozoaires, aux polypiers et aux algues mélobésiées.Les quelques formes présentées ici sont parmi les plus typiques ou les plus connues, cette page étant susceptible d'évoluer au gré des découvertes.
Halitherium sp. mammifère sirénienConnu presque exclusivement par des fragments de côtes ou de vertèbres, trouvés le plus souvent dans les niveaux bioclastiques des carrières souterraines, il est également présent dans les niveaux à herbiers. Certains siréniens actuels vivent toujours dans ces environnements d'herbiers proches des côtes, dont ils se rapprochent en hiver à la recherche de sources sous-marines d'eaux douce (lamantin de Floride). |
(cliché Damien Delanghe) |
Echinolampas subsimilis oursin irrégulier échinolampadidé Très fréquent à l'Eocène, le genre Echinolampas décline à l'Oligocène et se raréfie au Miocène; E. subsimilis est la seule espèce oligocène d'Aquitaine. Son test relativement grand ( jusqu'à 7 cm de long) est sub-circulaire et moyennement élevé. On le trouve fréquemment associé aux algues mélobésiées. Les formes actuelles prospèrent sur des fonds alcalins riches en carbonates, à des profondeurs de 10 à 500 m. Echinolampas est un oursin microphage qui laboure la surface du sédiment, se déplaçant enfoui jusqu'à la base des pétales. |
(cliché Philippe Rocher) |
Echinocyamus piriformis oursin irrégulier fibulariidé C'est une des deux espèces oligocènes de ce genre très répandu dans le tertiaire aquitain, et toujours représenté actuellement sur nos côtes (E. pusillus). Les Echinocyamus sont des oursins de très petite taille (5 mm à 1 cm) légèrement aplatis. Ces oursins vivent enfouis dans le substratum, généralement un gravier coquillier. Ils peuvent supporter de fortes dessalures, ce qui est très rare chez les oursins: leur présence traduit l'influence d'eaux douces dans le milieu. |
(cliché Philippe Rocher) |
Parmulechinus agassizi oursin irrégulier scutellidé Parmulechinus est un oursin très aplati (cf. "dollar des sables"), de 1 à 9 cm de diamètre pour une épaisseur de 1 mm à 1 cm. C'est un des deux genres de scutellidés du tertiaire d'Aquitaine, cantonné à l'Oligocène. Les Parmulechinus actuels vivent en eau peu profonde et supportent l'émersion: ils sont un bon indicateur de la proximité du rivage. |
(cliché Philippe Rocher) |
Jujubinus sp. gastéropode trochidéLa coquille est petite et trapue (hauteur 1 cm , diamètre 1 cm), à spires planes et lisses. Vivant sur un support végétal, c'est une forme typique des herbiers infralittoraux. Suspensivore, Jujubinus vit dans des eaux à salinité normale. |
(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Tectus sp. gastéropode trochidéCoquille large (hauteur 1,5 cm , diamètre 2 cm) à spires planes, ornementées d'un treillis perlé et de rides spiralées. Les formes actuelles sont cosmopolites, médio à infralittorales, vivant notamment dans les herbiers. |
(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Turbo parkinsoni gastéropode turbinidéLes Turbo sont très abondants dans le Calcaire à Astéries, tant en espèces qu'en populations. T. parkinsoni figuré ici présente une magnifique coquille, très ornementée, et pouvant atteindre une taille respectable (hauteur 4 cm , diamètre 6 cm). On trouve également des opercules, dont la particularité est d'être calcaire. Les caractéristiques écologiques sont les mêmes que pour Tectus. |
(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Diastoma grateloupi gastéropode diastomidéLa coquille est allongée (hauteur >2 cm , diamètre <1 cm), à spires arrondies et très ornementées. Diastoma vit actuellement dans la zone de balancement des marées, à moins de 5 m de profondeur, sur le sable ou dans les herbiers. |
(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Tympanotonos sp. gastéropode potamididéCoquille allongée à spires planes et ornées de tubercules. Ce genre actuellement en régression est typique des sables et vases de mangroves et d'estuaires. Brouteur détritivore, il tolère bien la dessalure et même l'émersion. |
(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Campanile charpentieri gastéropode campanilidéLes campanilidés comptent parmi les plus grands gastéropodes fossiles (jusqu'à 1 m). La forme représentée, typique du Calcaire à Astéries, présente une grande coquille allongée (hauteur 15 cm , diamètre 4 cm), à spires planes et très ornementée de perles et nodules. Campanile est un épibionte dépositivore.
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(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Ampullinopsis crassatina gastéropode ampullospiridéLa coquille, globuleuse, peut être très grande (hauteur et diamètre 20 cm). Comme les autres ampullospiridés, A. crassatina est un prédateur qui vit dans des eaux très littorales, et même légèrement dessalées.
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(cliché Anne-Marie Vergneau) |
Glycymeris sp. lamellibranche glycymerididéGrande coquille discoïdale assez creuse (diamètre 3 à 10 cm , épaisseur 1 à 4 cm), à stries concentriques et charnière taxodonte. Représenté par l'actuelle amande de mer, le genre Glycymeris a peu changé depuis le début du Cénozoïque. Il se développe sur fond sableux grossier balayé de courants, dans un milieu généralement pauvre en végétaux. |
(cliché Philippe Rocher) |
Ostrea cyathula lamellibranche ostréidé Petite coquille délicate très creuse (diamètre 1 cm , épaisseur 1 à 2 cm), à valve droite très fine souvent ovoïde. O. cyathula est caractéristique d'eaux sous-salées de faible profondeur. |
(cliché Philippe Rocher) |
Peplum billaudeli lamellibranche pectinidéTrès jolie petite coquille (diamètre 1 cm , épaisseur 5 mm), dont les valves, à stries radiales, présentent fréquemment de grands plis; une seule oreille. Peplum serait représentatif de la zone à laminaire infralittorale. |
(cliché Philippe Rocher) |
Tapes sp. lamellibranche veneridéPetite coquille ovale assez plate (largeur 2 cm , épaisseur 5 mm), à fines stries concentriques et crochet arrondi et recourbé. Ce genre est apparenté à l'actuelle palourde; endobionte suspensivore des fonds vaso-sableux, Tapes indiquerait un milieu médiolittoral à dessalure. |
(cliché Philippe Rocher) |
Chione sp. lamellibranche veneridéGrande coquille discoïdale assez creuse (diamètre 5 à 10 cm , épaisseur 3 à 4 cm), à stries concentriques et fin treillis radial. Endobionte suspensivore des fonds sableux. |
(cliché Philippe Rocher) |
Cardium sp. lamellibranche cardiidéCoquille oblongue très creuse (diamètre 2 cm , épaisseur 1 à 2 cm), à côtes concentriques et fort crochet droit. Représenté par la coque actuelle, le genre Cardium est endobionte suspensivore. Il se développe dans les fonds sableux grossiers. |
(cliché Philippe Rocher) |
Cardita crassa lamellibranche carditidéPetite coquille ovale (largeur 1 à 2 cm , épaisseur 0,5 à 1 cm), à forte côtes concentriques et crochet excentré. C. crassa était endobionte suspensivore des fonds sableux grossiers. |
(cliché Philippe Rocher) |
Lithothamnium sp. algue rouge corallinacéeThalle carbonaté individuel sphéroïdal (diamètre 2 à 10 cm), d'aspect bulbeux à excroissances arrondies, dont la section présente de fines lames de croissance concentriques. Ces algues reposent sur les fonds sableux circalittoraux sans être fixées. La biocénose détritique qui les caractérise correspond à l'actuel maërl des côtes bretonnes. Leur faible vitesse de croissance indique un milieu à taux de sédimentation bas.
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(cliché Philippe Rocher) |